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  • Nicolas Dargelos

À bord du Darjeeling Limited - Wes Anderson

Synopsis :


Trois frères qui ne se sont pas parlé depuis la mort de leur père décident de faire ensemble un grand voyage en train à travers l'Inde afin de renouer les liens d'autrefois. Pourtant, la "quête spirituelle" de Francis, Peter et Jack va vite dérailler, et ils se retrouvent seuls, perdus au milieu du désert avec onze valises, une imprimante, une machine à plastifier et beaucoup de comptes à régler avec la vie... Dans ce pays magique dont ils ignorent tout, c'est alors un autre voyage qui commence, riche en imprévus, une odyssée qu'aucun d'eux ne pouvait imaginer, une véritable aventure d'amitié et de fraternité...


Je suis complètement fan de Wes Anderson. C'est définitivement un de mes réalisateurs préférés et cela ne fait aucun doute. Il a toujours le pouvoir de nous montrer une histoire et des personnages extravagants qui nous indiquent très clairement que ce que l'on regarde n'est pas réel, que ce n'est qu'un rêve. Mais son grand talent est d'assumer ce rêve, de l'accentuer et de jouer avec pour que finalement on accepte et profite de rêver. Au travers de ses décors et de ses palettes de couleurs toujours justes dans l'extravagance, il parvient à nous absorber dans son imaginaire le temps d'une histoire, et c'est selon moi la définition du cinéma.

À bord du Darjeeling Limited est l'un des derniers films que j'ai regardés de la filmographie d'Anderson après avoir savouré à plusieurs reprises The Grand Budapest Hotel, Fantastic Mr. Fox, Moonrise Kingdom, La Famille Tenenbaum, ou encore le récent et excellent L'Île aux chiens. Ainsi, en ayant eu la joie d'analyser la quasi totalité des créations de Wes Anderson, j'ai pu réaliser que le Darjeeling Limited se démarque un peu du reste de sa filmographie.


Comme dans tout Anderson qui se respecte, les personnages vont vivre une véritable épopée. Or, contrairement au reste de ses films qui sont plutôt des épopées au sens narratif du terme avec des voyages et des péripéties folles, je trouve que le Darjeeling Limited est une épopée humaine, ce qui en fait un film d'autant plus beau. Bien sûr The Grand Budapest Hotel montre la construction de Zéro, La famille Tenenbaum un véritable drame familial et Moonrise Kingdom la frustration enfantine de vouloir tout découvrir, de suite. Mais dans ce film, l'aspect très intime du récit et plus particulièrement au centre. En effet la totalité de l'histoire tourne autour de ces trois frères aux personnalités très différentes, le jeune auteur qui ne s'en remet pas d'une relation tumultueuse, le cadet bientôt père qui n'arrive pas à oublier son père décédé, et enfin l'aîné qui a tout appris de sa mère et ne peut s'empêcher de veiller sur les deux autres. Dans leur caractères bien distincts, on retrouve en quelque sorte des similitudes avec les personnages de La Famille Tenenbaum : des adultes qui n'ont pas évolué depuis leur enfance et restent comme bloqués sur les mêmes habitudes et problématiques. Et bien qu'Anderson garde son habitude de traiter ces histoires de famille plutôt intimes de façon humoristique, il nous livre cette fois-ci un film particulièrement beau qui parle poétiquement de la mort et de l'amour fraternel dans une histoire relativement simple et toujours amusante.


En effet comme je disais plus haut, le scénario n'est pas particulièrement rempli de rebondissements. À vrai dire, il n'y a jamais vraiment d'élément perturbateur majeur dans le voyage de ces trois frères, et c'est ce qui est beau. Anderson nous montre que c'est simplement le temps, leurs caractères et le fait d'être ensemble qui va rassembler ces trois frères et reformer leur amour détruit par la mort de leur père. La symbolique des tonnes de valises J.L.W. qu'ils se trimbalent durant tout le film pour finalement les abandonner à la fin est d'ailleurs très belle

Plus que dans n'importe lequel de ses films, Anderson creuse ses personnages au plus profond de leur âme au travers d'autant de dialogues que de silences et symboles. Pour cela il a choisi l'Inde comme pays hôte pour ces trois hommes en recherche de réponses, jouant sur les coutumes, des plus belles aux plus drôles, qui viendront chaque fois chatouiller un élément de vie de chacun frère.

Comme toujours, Wes Anderson nous régale avec une histoire rodée à la perfection, dont un flashback unique placé à un moment parfait qui vient nous délivrer la clé pour comprendre la personnalité de ces trois frères, et une esthétique magnifique. Plutôt que de n'utiliser qu'une seule palette de couleur comme il a l'habitude de le faire dans ses films, Anderson profite cette fois de la richesse de l'Inde pour offrir un bouquet de couleurs à chaque plan et jouer avec ses rotations de caméra infinies comme un spectateur placé au centre d'une scène de théâtre.


À bord du Darjeeling Limited est donc à mes yeux une oeuvre qui s'écarte légèrement du reste de la filmographie d'Anderson pour sa spiritualité et son traitement très poétique de thèmes fort, tout en gardant une esthétique et des personnages propres au travail du réalisateur. Un véritable plaisir à regarder pendant une petite heure et demie et parfait pour un voyage en train !


Enfin, petite anecdote sur la relation amoureuse de Jack. En effet on ne voit jamais la petite-amie dont il parle, enfin, on ne croit jamais la voir. Vers la fin on aperçoit pendant une dizaine de secondes Nathalie Portman en peignoir jaune dans une cabine qui ressemble à une chambre d'hôtel, et pour cause. Il y a deux ans j'avais regardé complètement par hasard le court-métrage de 13 minutes de Wes Anderson, Hôtel Chevalier, dans lequel on voit Nathalie Portman et son amant dans une chambre d'hôtel profiter d'une nuit aussi courte qu'intense (je vous le met en-dessous de la bande annonce). Déjà à l'époque j'avais adoré ce court-métrage, mais d'autant plus maintenant que j'ai vu le Darjeeling Limited et que j'ai appris qu'Hôtel Chevalier passait au cinéma comme prologue au film ! Et en effet l'amant de Nathalie Portman n'est nulle autre que Jack Whitman et ce petit court-métrage en dit énormément sur leur relation et la personnalité du jeune homme. Bref, c'est ce genre de petites choses que j'adore et qui me font penser qu'Anderson est un véritable génie.


Bande Annonce :



Hôtel Chevalier :




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