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Nicolas Dargelos

Mademoiselle - Park Chan-Wook

Synopsis :

Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d'une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d'un oncle tyrannique. Cependant, Sookee a un secret. Avec l'aide d'un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d'autres plans pour Hideko.

Je n’attendais vraiment rien de ce film en le regardant la première fois. Je l’ai trouvé complètement par hasard et l’esthétique ainsi que le contexte Japon-Corée m’ont plutôt intrigué alors je me suis lancé dans ces deux heures et demie soigneusement filées par le talentueux Park Chan-Wook.

Si je devais décrire Mademoiselle je dirais que c’est une sorte de Shutter Island pervers entre Corée et Japon avec parfois les airs d’un Ocean’s Eleven dirigé par les frères Cohen. Pour être clair hein.

En gros, de surprises en surprises, ce film n’a cessé de m’intriguer. En effet le réalisateur parvient à nous donner trois perspectives très différentes de l’histoire (clairement délimitées par des parties) qui nous surprennent chaque fois et nous font surtout imaginer une fin complètement opposée à celle que l’on envisageait dans la partie précédente. Ce jeu de perspective narrative invite le spectateur à toujours rester sur ses gardes et à ne pas s’installer trop facilement dans une narration plate et prévisible.

Pour nous offrir une narration aussi changeante, Chan-Wook joue sur l’instabilité de ses personnages eux-mêmes. En effet on en sait relativement peu sur le background des quatre protagonistes. Cependant, leur façon de parler, d’agir et de planifier nous décrit parfaitement leur personnalité et leurs buts. Mais justement toujours dans l’objectif de nous tromper, le réalisateur fait de ses personnages de véritables acteurs aux humeurs changeantes dont on n’est jamais vraiment certain des réactions.

Ainsi côté scénario, Park Chan Wook nous éblouit toujours avec une histoire recherchée et prenante qui vient jongler entre passé et présent et qui s’appuie sur des personnages développés en profondeur dans leur caractère. La fin quant à elle est vraiment l’exacerbation totale du caractère de chacun de ces personnages avec un happy ending qui s’appuie sur une tragédie totale et vient délivrer le spectateur dans une violence perverse.

Deux mots quand même sur l’esthétique de ce film que j’ai trouvée absolument incroyable. Nous sommes dans une Corée occupée par les Japonais au début du XXe siècle ce qui permet d’observer tout d’abord des costumes magnifiques entre sublimes kimonos et robes occidentales. Ces kimonos et les tapisseries s’opposent à la nuit et la fumée (comme le fait d’ailleurs remarquer l’oncle à la fin du film) dans un contraste de couleur chaud/froid qui reflète souvent l’état d’esprit des personnages. Mais surtout le réalisateur coréen va beaucoup jouer avec la couleur et la profondeur qu’offre une maison traditionnelle japonaise. Les portes coulissantes emmènent la caméra faire des travellings d’enfer à travers la demeure, offrant au passage plusieurs jeux d’ombres sur les toiles de riz. Comment ne pas penser à Ōzu et ses jeux de perspectives fabuleux dans Dernier Caprice ?

Bref, Mademoiselle est un film qui vous surprend en vous baladant entre comédie, tragédie et film psychologique tout en gardant une esthétique et une poésie qui lient toute cette incroyable histoire. Un gros coup de coeur arrivé par hasard que je conseille trèèèèèès vivement !

Bande Annonce :

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